Copain donc, est parti pour faire ses différentes démarches. Copine aujourd'hui reste à l'appartement. Il y a bientôt 6 mois elle s'est fait une double fracture du péroné et donc est en mi-temps thérapeutique et ne travaille pas les mardis et jeudis.
Aujourd'hui c'est jeudi. Elle a prévu une journée toute simple, repos et lecture des 69 pages pour préparer la réunion à laquelle elle est conviée demain.
Il est 11H30, cela fait une heure et demie qu'elle est levée, elle est déjà stressée, déprimée, n'a envie de rien mais copain lui a dit de se reposer et de ne rien faire d'autre que de s'occuper à préparer sa réunion. Elle est donc seule dans l'appartement, en vieux t-shirt de copain et short de pyjama piqué à copain aussi.
On sonne à la porte... elle hésite, puis va jeter un oeil, ça semble être une livraison, décide d'ouvrir bien qu'elle n'est pas censée être là, elle n'est pas chez elle, elle est chez copain. Bref, le jeune homme à la porte se présente, il a rendez-vous avec copain pour la maintenance de son respirateur.
Elle : - vous êtes sur, il n'est pas là
Lui : - oui on avait pris rendez-vous pour aujourd'hui, il ne vous a rien dit ?
Elle : - non ! sinon je ne vous accueillerais pas dans cette tenue à moitié à poil !
Lui, entre, elle le conduit dans la chambre et lui dit de faire ce qu'il a à faire il connait son métier. Copine appelle copain sur son Iphone, lui explique la situation, copain : Merde j'ai zappé !, puis il lui explique ce qu'elle doit dire à sa place pour compléter le questionnaire.
Copine trépine. Elle a une sainte horreur des visites impromptues, elle a une sainte horreur de se présenter dans une tenue aussi légère devant un homme (ou même une femme d'ailleurs), elle a une sainte horreur de se faire surprendre en négligé chez elle.
Copain lui dit qu'il est désolé, s'excuse.
Monsieur le maintenancier fait son boulot, pose les questions à copine, puis une fois terminé s'en va.
Copine, craque, en a marre, passe un coup de fil à meilleure copine. Vide son sac. 45 minutes plus tard, meilleure copine raccroche, copain sonne. Il passe par carrefour, veut savoir ce que copine a envie de manger (rien !) si elle a besoin de quelque chose (non !), ok. Copain comprend que copine va pas bien, qu'elle pleure, il lui demande si elle veut une bonne raison de pleurer et lui apprend qu'il sort de la clinique où sa mère séjourne depuis quelques semaines et que le docteur lui a dit qu'elle sortirait pour le 1er décembre alors qu'il était prévu qu'elle ait des soins de suite et qu'elle ne sortirait pas avant d'avoir trouvé une maison médicalisée qui pourrait l'accueillir. Copine s'effondre. Copain rappelle, il veut savoir le nom du savon de copine à prendre à la pharmacie, puis raccroche.
Copine se met à lire les 69 pages, la tête ailleurs... elle écrit pour se rappeler, elle coche, surligne... copain sonne à la porte, le sac rempli de courses. Il lui donne deux bouquets de roses, un rouge et un rose, puis la moitié d'une fougasse pour manger, il a mangé l'autre moitié dans le bus. Copine va à la cuisine, cherche un puis deux vases, beaucoup de roses. Elle apprécie le geste même si elle n'aime pas les roses. Oui je sais qui n'aime pas les roses ? moi ! Elle préfère les tulipes, il ne le sait pas. Mais c'est le geste qui compte et puis c'est clair que c'est une façon qu'a copain de se faire pardonner. Et c'est la toute première fois qu'il lui offre des fleurs. Il ne manquerait plus qu'elle s'en plaigne.
Puis copain raconte, sa mère, la sortie, les emmerdes qui recommencent, chercher une (voire deux) assistantes de vie, contacter l'infirmière pour les soins à domicile quotidiens, remettre la maison en ordre, redéposer les médicaments et autres affaires qu'il avait sorties de la maison puisque celle-ci est en vente. Faire les courses pour remplir le frigo. Puis sa visite aussi ce matin chez les assistantes sociales, il devait déposer les documents pour faire la carte d'identité de sa mère, il avait tout ce qu'il faut, il explique que la secrétaire n'a pas voulu des originaux de ses documents, qu'elle a fait des photocopies, que lui a insisté pour qu'elle prenne les originaux mais elle n'a rien voulu savoir. Il l'a menacée si jamais il reçoit un appel pour réclamer les originaux qu'elle entendrait parler de lui. Puis il y a le japon où il s'en va dans une semaine, juste trois jours après la sortie de sa mère. Il constate que comme copine n'est pas là la semaine prochaine, ils ne se verront pas avant son départ au japon. Copine enregistre tout, met de l'ordre dans sa tête, va chercher son téléphone pour voir son planning. Le japon était prévu la semaine prochaine, donc copine était là normalement avant le départ de copain pour deux semaines. Mais son client a eu la bonne idée de reporter d'une semaine son départ, mais copine ne peut pas changer comme ça son planning. Donc oui, copine et copain ne se verront pas la semaine qui précède le japon, ne se verront pas pendant les deux semaines au japon, ne se verront pas beaucoup pendant les fêtes de Noël parce que mini-copain vient chez son père et n'est pas au courant de leur relation. Enfin pas du lien qui les unit réellement.
Copine fait le tri de tout ça, pleure encore, et toujours. Copain lui dit que de toute façon la semaine précédant son départ au japon va être un véritable enfer et qu'il vaut mieux qu'elle ne soit pas là. Il dit aussi des tas de mots à propos du fait qu'elle a le droit d'en avoir marre et de vouloir faire un break, une pause. Copine pleure, ne peut pas parler, pleure, pense, déprime, puis dit qu'elle en peut plus que tout ça c'est trop d'un coup. Copain prend copine dans ses bras, la console, puis retourne au salon avec le téléphone.
L'assistante sociale au téléphone, ça ne va pas avec les papiers qu'il a donnés ce matin, il lui faut les originaux. Et là on comprend qu'on a juste envie de lui tirer une balle dans la tête. Oui je sais c'est cruel et surtout interdit. Mais comment peut-on jouer avec les nerfs des gens comme ça ? Il lui explique qu'il les avait ce matin, mais que sa secrétaire n'a pas voulu les prendre, l'assistante sociale a demandé pourquoi, Copain a osé lui dire "parce qu'elle est conne ?". Copain doit repasser ce soir déposer les papiers originaux dans la boite aux lettres de l'assistante sociale pour qu'elle aille demain au bureau de l'état civil.
Il est 15h30, copain boue mais ne dit rien. Il appelle les taxis G7 pour faire venir un taxi, il doit être à 16h à la maison de retraite où vit son père pour le rendez-vous avec la curatelle. La voix mystère dans le téléphone le fait patienter. Copain patiente, mais tapote, jette le téléphone, secoue la jambe, grogne, mais attend. Le taxi sera là dans quelques minutes c'est ok. Le téléphone sonne à nouveau, c'est encore l'assistante sociale, il faut d'autre papiers puis les empreintes de sa mère, puis je ne sais trop quoi, je n'entends pas, je ne suis plus là. Il parle, il tempête, se prépare, regarde si le taxi arrive, je me mets à la fenêtre pour voir si le taxi arrive, puis me retourne, puis regarde à nouveau dehors et dedans, Mais là copain n'est plus là, il est entrain de claquer la porte, le téléphone à l'oreille, sans me dire un mot, sans bisou pour dire "bye j'y vais", je ne suis pas là je n'existe pas.
Je regarde à la fenêtre, le taxi n'est pas là copain est là dehors le téléphone toujours collé à l'oreille, il tourne, parle, tourne, il me voit, il me voit pas... peu importe il ne me voit pas. Sa communication s'arrête. Il compose un numéro sur son téléphone, ça répond pas, encore une fois, ça répond pas. Je pense qu'il essaye de m'appeler, je prends mon téléphone sur la table, rien, je reviens à la fenêtre il a disparu, il n'est plus là...